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Forum des savoirs, Culture

La géopolitique au programme de la soirée inaugurale

La guerre de conquête menée par la Russie en Ukraine rebat les cartes de la géopolitique. Qui y gagne ? Qui y perd ? Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, éminent géopolitologue et grand communicant, ouvrira la saison du Forum des savoirs sur ce sujet brûlant. Entrée libre.

Pascal Boniface

Quelles recompositions politiques après la guerre en Ukraine ?

Il y a 2 ans, Emmanuel Macron avait déclaré l'OTAN en état de mort cérébrale. Aujourd’hui, c’est plutôt l’autonomie stratégique de l’Europe qui l’est.
Pascal Boniface

Retrouvez l'interview de Pascal Boniface publiée dans le numéro de septembre-octobre 2022 du Chaville Magazine en bas de cette page

Entrée libre

Interview de Pascal Boniface

Quelles recompositions politiques après la guerre en Ukraine ?

Les équilibres mondiaux s’en trouvent-il bouleversés ?

Les équilibres mondiaux, non, puisqu’ils dépendent davantage du rapport de force entre la Chine et les États-Unis. Mais les équilibres en Europe, oui, dans la mesure où c’est la première fois depuis 1945, sur notre continent, qu’un pays veut en conquérir un autre, en se rendant coupable de crimes de guerre.

Il y a une nouvelle coupure, une sorte de rideau de fer, non plus entre l’Est et l’Ouest comme on a pu la connaître auparavant, mais entre la Russie et le reste de l’Europe.

Et on peut considérer que tant que Poutine sera au pouvoir, il n’y aura pas de retour à la normale.

Quelles conséquences pour l’Europe ?

Il y a deux ans, Emmanuel Macron avait déclaré l’OTAN en état de mort cérébrale. Aujourd’hui, c’est plutôt l’autonomie stratégique de l’Europe qui l’est. Tous les pays européens vont augmenter leurs budgets militaires, ce qui va se traduire par une augmentation des achats d’armes aux États-Unis.

Et tous vont à terme mettre fin à leurs achats de gaz et de pétrole en Russie qui leur avaient permis d’être moins dépendants des pays du golfe arabo-persique.

Le beau rôle revient donc aux États-Unis ?

Pour les États-Unis, c’est effectivement un retour en force. La débâcle de Kaboul est oubliée. L’imperium américain est restauré. Tous les pays européens estiment que seuls les États-Unis peuvent les protéger contre une menace militaire russe ressentie et demandent une présence militaire américaine accrue.

En échange de cette protection, les Américains vont enrôler les Européens dans leur combat contre leur grand rival chinois. Des pays qui étaient neutres comme la Suède ou la Finlande jugent aujourd’hui indispensables de rejoindre l’OTAN. Tous sont guidés par la peur de la menace russe et l’horreur des crimes de guerre.

Et la France ?

C’est la grande perdante. Son ADN géopolitique depuis le début de la Ve République, qui était d’avoir des contacts privilégiés avec Moscou pour élargir ses marges de manœuvre, est mis à mal. Comme est mis à mal son projet stratégique d’être allié mais non aligné avec les États-Unis.

Quel destin pour l’Ukraine ?

Elle est bien sûr la première victime de cette guerre, mais elle est aidée de façon multilatérale par les États-Unis et l’Europe. En compensation du martyre qu’elle subit, elle a obtenu le statut de candidat à l’Union européenne, ce que ni son économie ni sa gouvernance - largement corrompue - n’aurait dû lui permettre en temps normal. On peut penser qu’à terme sa reconstruction sera prise en charge.

Ce pays était délaissé par l’Europe, personne ne voulait y investir, et maintenant toute l’Europe s’en veut solidaire.

Coup d'oeil sur la saison 2022-2023

Forum des savoirs : programme de la saison 2022-2023