Le
Du à Atrium de Chaville
3, parvis Robert Schuman
92370 Chaville
Forum des savoirs, Culture
Forum des Savoirs : soirée inaugurale avec Bertrand Badie
Bertrand Badie
- Géopolitologue, professeur émérite des Universités à Science Po Paris
Reconquérir la paix dans un monde nouveau
Depuis 1945, près de 500 conflits armés ont été dénombrés sur la planète. Quelques-uns sont aujourd’hui éteints ou suspendus. Mais la chambre d’écho médiatique ne nous laisse pas ignorer la persistance ou la résurgence des autres. Dans ce monde qui ne tourne pas rond, la paix est un mot que tout le monde a à la bouche. Encore faut-il s’entendre sur le sens qu’on lui donne et sur la réalité de nos aspirations à l’établir. Bertrand Badie est un fin connaisseur du sujet auquel il a consacré en 2024 un ouvrage intitulé L’Art de la Paix.
"Nous sommes dans un monde de guerre et de non-guerre, et non de paix. La paix est quelque chose de plus exigeant et de plus précis que la seule absence de guerre." Après l’avoir définie, il pointera ce qui l’entrave. "Personne ne conçoit l’action politique dans le monde actuel en fonction de la paix mais en fonction de la guerre. La majorité des acteurs, consciemment ou inconsciemment, aspirent à la guerre et pas à la paix. Et ça commence très tôt : un enfant de 5 ans préfère jouer aux soldats de plomb plutôt qu’aux soldats de paix. La guerre est vraiment inscrite dans le parcours intellectuel, social des individus dès leur plus tendre enfance."
Des gouvernants à côté de la plaque
En cause aussi le déphasage des dirigeants vis-à-vis de situations inédites pour lesquelles ils n’ont pas les bonnes clés. "La guerre d’aujourd’hui ressemble-t-elle à la guerre d’hier ? Le mode de solution des conflits aujourd’hui ressemble-t-il à celui d’hier ? La puissance a-t-elle la même efficacité qu’hier ? Certainement pas. Or les princes qui nous gouvernent ont tendance à vouloir maintenir un ancien monde qui n’existe plus alors que le nouveau monde s’affirme de manière incontrôlée. Ils fonctionnent avec des schémas périmés, d’où les gaffes, les incomplétudes, les échecs."
Dans ces conditions, comment remettre la paix à l’endroit, en redonner une définition positive ? "En s’appuyant sur des critères et des projets de paix, ce qui va au-delà de la résolution des conflits, qui inclut la sécurité humaine, la sécurité globale, l’interdépendance, la gestion de la mondialité, de la mobilité, de l’inclusion, etc. " Ensuite, défend Bertrand Badie, il faut définir les instruments qui permettent d’atteindre ces objectifs. Dans son ouvrage, il en livre neuf, dont la diplomatie, l’hospitalité et avant tout l’éducation. "Dès le primaire, il faut enseigner l’histoire de la paix avant celle de la guerre, faire de chaque enfant un acteur des nouvelles sécurités : climatique, sanitaire, alimentaire."
Entrée libre.
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